ILS ONT PILOTE LE SPITFIRE

3)- Les unités du théâtre méditerranéen

Le groupe de chasse II/7 Nice

2014 Morane 406 sur la base d'Oran

Un Morane 406 sur la base d’Oran La Sénia en juin1940 (MA 28194)

Le groupe de chasse II/7 a commencé la guerre en 1939 sur la base aérienne de Luxeuil. Il est équipé du Morane 406. Il participe aux combats de la campagne de France et reçoit, en dotation le Dewoitine 520 le 30 mai 1940. Les combats se poursuivent, avec leurs lots de victoires mais aussi de deuils. Avec la retraite, le groupe se replie de terrains en terrains. On envisage d’évacuer les unités équipées de D 520 vers l’Afrique du Nord.

Le 17 juin, le II/7 est à Perpignan où il reçoit l’ordre de rejoindre Alger. Le mouvement est exécuté le 20 juin. Le 9 juillet le groupe gagne le terrain de Tunis El Aouina. Sa mission est la protection de la région de Tunis, du port et de la rade de Bizerte.

On conçoit aisément que, pendant cette période qui va de juillet 1940 à novembre 1942, l’activité aérienne est réduite à la portion tout juste congrue; quelques vols d’entraînement, quelques vols de protection des convois maritimes le long des côtes algériennes et tunisiennes, mais aussi, quelques accrochages avec les appareils britanniques qui survolent les eaux territoriales françaises, avec, hélas, quelques pertes, de part et d’autre. Le moral de l’unité, après la défaite face à l’Allemagne qui reste «l’ennemi» pour la majorité des personnels, n’est pas au beau fixe. La triste affaire de Mers El Kébir a terni, dans l’esprit de beaucoup, l’amitié qui nous liait à nos anciens alliés. Tout le monde suit, avec un intérêt mêlé d’angoisse, les opérations qui se déroulent en Tripolitaine.

Après le débarquement, le 8 novembre 1942, des Anglo-américains en Algérie et au Maroc, le groupe apprend le projet d’installation de nombreuses forces aériennes allemandes sur leur terrain; il se replie vers Kairouan.

Le12 novembre, l’amiral Darlan prend le commandement des armées françaises et ordonne la fin des combats contre les Anglais. Le 13 novembre, le groupe rejoint Biskra, dans le sud algérien et apprend avec le soulagement que l’on devine, que les armées françaises, après regroupement et rééquipement, vont reprendre la lutte contre l’Allemagne.

2014 premiers Dewoitine 520

Un des premiers Dewoitine 520 (collection ML)

Toujours équipé de ses Dewoitine 520, le groupe reprend un entraînement poussé, mais si dorénavant le ravitaillement en essence n’est plus un problème, celui des pièces détachées demeure critique.

Après plusieurs déplacements sur le territoire algérien, alors qu’il est basé sur le terrain de Bou Saada (ville à 250 km au sud d’Alger), le II/7 apprend qu’il va être équipé de Spitfire Mark V. Ceux-ci commencent à arriver au début du mois de mars 1943. Le lieutenant G.Gauthier (qui devait, quelques 28 ans plus tard être le premier officier issu de l’école de l’Air à devenir Chef d’état major de l’armée de l’Air) prend le commandement de la 1ére escadrille.

 

 

 

 

2014 Le général G.Gauthier

Le général G.Gauthier, chef d’état major de l’armée de l’Air à sa prise de commandement en 1970 (MAE)

Le 26 avril 1943, le II/7 qui a fait mouvement vers Bône est incorporé au Wing 345 anglais, commandée par le Wing Commander Gilroy. Il prend, dans la R.A.F, la désignation britannique de Squadron 326.

Après un entraînement opérationnel de quelques jours pour s’adapter aux méthodes anglaises, le groupe effectue sa première mission de guerre 100% française le 4 mai. Le groupe participe désormais aux opérations dans la région de Tunis qui sera finalement libérée le 7 mai 1943.

Le 17 mai, le II/7 retrouve la Tunisie qu’il avait quittée six mois auparavant. Les missions sont, encore une fois la protection du port de Bizerte et de la région de Tunis, mais maintenant, l’ennemi est bien déterminé, il est allemand.

Lorsque, le 11 juin, commencent les opérations de débarquement en Sicile, le II/7 prend une part active à la protection des troupes et le sergent-chef Kann remporte la première victoire aérienne du Squadron 326.

L’escadron revient sur le terrain de Bône les Salines, le 1er août 1943.

 

 

Le groupe de chasse I/3 Corse

2014 Morane 406 n°328-N728

Le Morane 406 n°328/N728 du GC II/3 en juin 1939 (collection B.Chenel)

Au début des hostilités, le I/3 dont le terrain du temps de paix est Dijon est équipé de Morane 406. Mis en place sur le terrain de Velaine en Haye, il y restera jusqu’en décembre. Il est choisi pour être le premier escadron à être transformé sur Dewoitine 520 et, à ce titre, il est déployé sur le terrain de Cannes où il servira de modèle aux Groupes II/3, III/3, II/7 et III/6 qui sont désignés pour recevoir, à leur tour, des Dewoitine. Il reçoit son premier appareil le 28 janvier et le dernier de sa dotation complète, le 10 mai. C’est le jour de l’offensive allemande et il reçoit l’ordre de remonter vers le nord. Le 17 mai il est à Meaux – Esbly où le II/7 vient le rejoindre le 4 juin. Puis, à partir du 10 juin, c’est le repli vers Etampes, Châteauroux, Perpignan où l’ordre de poursuivre vers Oran est donné le 18 juin. Après quelque temps à Tunis – El Aouïna, le I/3 revient à Oran et n’en bougera plus, jusqu’au débarquement anglo-américain du 8 novembre 1942 ; sa mission : protéger les convois français qui auraient à passer par le détroit de Gibraltar; il n’y aura pas d’incident.

 

2014 Dewoitine 520 en vol aux couleurs du S-Lt Madon

Dewoitine 520 en vol aux couleurs du S/Lt Madon.(MAE)

Le 14 octobre 1941,les sergents Albert, Durand et Lefèvre qui étaient en mission de couverture ne rentrent pas ; ils se sont posés à Gibraltar. La commission d’armistice allemande exige la dissolution du groupe. Ce sera chose faite et quelques officiers seront mutés dans d’autres escadrons. Mais, le 1er décembre, le Corse renaît de ses cendres en prenant l’appellation III/3 .

Le débarquement anglo-américain en Afrique du Nord à lieu dans la nuit du 7 au 8 novembre 1942. Le III/3 est fortement attaqué. Hélas, il y aura des combats et des morts de part et d’autre (dont le Commandant Engler, commandant le groupe). Le 9, les combats ont cessé ; les Américains sont là ; les D.520 sont évacués vers Fez, cependant que les personnels au sol sont fait prisonniers et regroupés dans une ferme des environs.

 

 

Le 11 novembre est le jour de la suspension d’armes avec les Américains.

2014 Potez 63-11 (MA2028)

Un Potez 63-11 (MA2028)

Je vous fais grâce des tribulations du III/3 au Maroc. Notons cependant que, le 18 novembre, le groupe redevient le I/3. Il retourne à Oran, le 10 décembre 1942.

Le 11 janvier 1943, la cohabitation avec les unités américaines stationnées sur le terrain d’Oran étant jugée trop délicate, il est envoyé à Bou-Saada où il retrouve le II/7. L’entraînement va pouvoir reprendre de façon intensive. Le groupe est divisé en deux escadrilles : la première, commandée par le lieutenant Madon, est opérationnelle et la seconde, commandée par le lieutenant Lansoy est chargée de l’entraînement des nouveaux arrivants. A compter du 1er mars, une troisième escadrille est créée ; elle est constituée par les pilotes du III/13, évadés de France le 10 novembre, avec leurs Potez 63.

 

Le 3 mars 1943, quatre Spitfire V se posent sur le terrain de Bou-Saada. Ils sont pour le II/7.

L’activité se poursuit donc avec les D.520.

Le commandant Le Gris de la Salle qui commande le groupe apprendra sa transformation sur Spit le 20 mai; elle durera jusqu’au 28 juin.

Le 1er août 1943, l’ordre est donné de rejoindre le terrain de Bône-les-Salines.

 

Le groupe de chasse I/7 Provence

2014 Commandant Stehlin

Le commandant Stehlin à Alger en août 1940(MA 21474)

Le groupe de Chasse I/7 est une unité ancienne dont la création remonte à la première guerre mondiale.
Lorsque les hostilités reprennent en septembre 1939, le groupe est en Afrique du Nord. Rappelé en France à la fin du mois de décembre, il ne fera qu’un court séjour à Marseille avant d’être finalement dirigé vers le Liban où sa mise en place sur le terrain de Rayak, dans la plaine de la Beqaa, est terminée le 7 mars 1940. Il est alors équipé de Morane 406.
C’est là que l’armistice le trouve en juin 1940.
Passe une année d’attente où le moral des hommes est au plus bas et l’activité aérienne réduite au strict minimum. On sent bien que les Anglais, présents en Palestine, envisagent d’envahir le Liban. Seront-ils les prochains ennemis ? Hélas oui, et cela est d’autant plus navrant que parmi les avions de la RA.F, il y a ceux de la France Libre. Les hostilités commencent le 15 mai 1941 ; elles vont durer jusqu’au12 juillet.
Le 16 août, la dissolution de toutes les unités des forces du Levant est prononcée.
Les Anglais organisent le départ de ceux qui veulent regagner la France.

La première escadre de chasse française (Wing 332)

Le regroupement des unités françaises équipées de Spitfire qui va aboutir à la création de la 1ére escadre de chasse débute le 1er août 1943, date à laquelle le groupe I/3 Corse (Squadron 327) et le groupe II/7 Nice (Squadron 326) se rejoignent sur le terrain de Bône les Salines. Ils forment le Groupement d’Aviation de Chasse de Bône (Bône Fighter Command), sous les ordres du commandant Stehlin. C’est une unité de la R.A.F, placée sous l’autorité de l’Air Vice Marshall Hugh. P. Lloyd, dans le cadre de la Northwest African Coastal Air Force.

Les missions sont essentiellement la protection des points sensibles de la côte algéro-tunisienne et des convois maritimes, ainsi que le sauvetage en mer (Air-Sea Rescue).

Le 16 septembre 1943, le groupe de chasse I/7 Provence est reconstitué, à partir de personnels pilotes et mécaniciens des groupes II/7 et I/3. Dans la R.A.F, il devient le Squadron 328. Le commandement du groupe est confié au capitaine Dorance ; les effectifs des trois unités seront complétés au fur et à mesure des disponibilités extérieures et des sorties d’écoles.

Pour des raisons politiques, il a été décidé que le débarquement en Corse serait exclusivement français. Transporté par sous-marins ou contre- torpilleurs, un faible corps de débarquement a été mis à terre dans la région d’Ajaccio. Avec l’aide de la Résistance corse, il cherche à entraver les manœuvres des troupes allemandes qui se replient le long de la route côtière Bonifacio – Solenzara – Bastia, pour évacuer la Corse par le port de Bastia.

Le 17 septembre des Spit des I/3 et II/7, se posent sur le terrain d’Ajaccio, mais leur installation ne sera définitive que le 27 septembre.

La mission principale est, bien sûr, de s’opposer à l’évacuation des troupes allemandes vers l’Italie. Les Spitfire harcèlent, souvent avec succès, malgré une défense nourrie, les bateaux et les avions de transport ; 5 Junker 52 sont abattus le même jour, au cours d’une même mission.

Le I/3 reçoit deux Spit IX en complément de dotation.

Le 3 octobre 1943 est le jour de la création officielle de la 1ére escadre de chasse. Elle comprend les groupes II/7, I/3 et I/7. Au sein de la R.A.F, elle prend le nom de Wing 332.

Le I/7 reste à Bône jusqu’au 30 avril 1944, pour compléter sa formation, améliorer son entraînement et continuer à assurer les missions de coastal command.

Après l’évacuation complète de l’île par les Allemands, en souvenir de la sinistre expérience du bombardement du port d’Ajaccio par la Luftwaffe qui utilisait, pour la première fois des bombes-fusées téléguidées, la mission première dévolue à la 1ére EC reste toujours la couverture aérienne de la Corse. Mais, l’action de la chasse allemande étant de plus en plus inexistante, on monte des lance-bombes sous les avions et de nombreux raids sur l’île d’Elbe et l’Italie sont exécutés par les Spit V protégés par les Spit IX. De plus, les Spitfire sont mis à contribution pour escorter les bombardiers B-25 ou B-26 dans leurs missions de pénétration au dessus de l’Italie du Nord.

Le 22 avril 1944, le I/3 fait mouvement sur le terrain de Borgo (prés de Bastia) et reçoit, en dotation, 16 Spit IX.

Le 30 avril, le I/7 rejoint Borgo avec 12 Spit V, 3 Spit IX et 1 Hurricane. Le Wing 332 au complet est maintenant sur le territoire de la Corse.

Le 21 juillet 1944, regroupement de la 1ére EC à Ajaccio. La mission s’oriente davantage, maintenant, vers la protection des convois maritimes.

Les 14 et 15 août, les opérations de débarquement se déroulent dans le sud de la France. Seuls les P-47 de la 4e escadre de chasse ont une autonomie suffisante pour intervenir sur le continent.

Les 2 et 3 septembre 1944, les trois groupes retrouvent le sol de France, sur le terrain du Vallon, entre Istres et Salon de Provence.

La 1ére E.C est rattachée, pour emploi, au 64th Fighter Wing américain.

Du point de vue de l’administration et de la discipline, elle dépend de la Section française du 12th Tactical Air Command américain. Les ordres d’opérations, eux, sont transmis par l’intermédiaire du Bureau des Opérations qui se trouve à Salon.

Cette organisation sera plus tard modifiée pour donner lieu à la création du 1er Corps Aérien français comprenant : la 1ére E.C, équipée de Spitfire, la 4e E.C, équipée de P-47 et le groupe de reconnaissance II/33 équipé d’une escadrille de P-38 et d’une escadrille de Spitfire Mk V.

C’est ensuite la remontée vers le nord ; 8 septembre, Lyon ; 21 septembre, Dijon ; 27 septembre, Luxeuil et le II/7 reçoit, enfin, des Spitfire IX (il semble que jusque là, contrairement aux deux autres groupes, le II/7 n’ait jamais été équipé que de Spitfire MkV), les deux autres groupes en ont depuis longtemps avec, de surcroît, quelques Spit VIII.

Le 13 novembre 1944, le corps aérien français n’appartient plus au 12° Tactical Air Command, mais à la « First Tactical Air Force ».

Le I/7 et le I/3 font mouvement sur Haguenau du 20 au 25 décembre.

Le 26 décembre : jour de gloire : 9 Spit IX attaquent un groupe de Me 109 ; résultat : 5 victoires sûres, 2 probables et 2 Me 109 endommagés.

Le 28 avril 1945, les trois groupes se posent en Allemagne, sur le terrain de Gross Sachsenheim, prés de Stuttgart.

Les dernières missions de guerre se dérouleront les 1°, 2 et 7 mai 1945 respectivement pour les II/7, I/3 et I/7.

Le 12 juillet, la 1° escadre de chasse rejoint Friedrichshafen.

1) Le Spitfire

2)- La France et le Spitfire

3)- Les unités du théâtre méditerranéen

4)- Les unités du théâtre Européen

5)- Les autres

6)- Les Spitfire après la Guerre

7)- Le Spitfire en Indochine

8)- Le Spitfire à l’Ecole de Chasse de Meknès

9)- L’avion du Musée

Article extrait du Pégase n°135 de décembre 2009.

 

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